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Ma'arif-e-Mathnawi
By: Shaikh ul Arab wal Ajam Hazrat Maulana Shah Hakeem Muhammad Akhtar Saheb (ra)
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Book: Ma'arif-e-Mathnawi
31. RECIT DU ROI VOILE.

Cet homme était le roi d'un pays arabe à l'époque de sa vie profane (matérialiste, mondaine), il aimait s'adonner aux plaisirs sensuels, il aspirait à la puissance avec des ambitions de gouverner. C'était aussi un très bon poète, possédant de la délicatesse, et une beauté remarquable. Quand l'Amour Divin eut conquis son cœur, il se détacha de la puissance de la royauté, et renonça même à tous les plaisirs mondains et sensuels.

L'auteur de "Qashida-e-Burda" dit :

Quand la nuit, la pensée de mon Bien-aimé envahit mon esprit,

Je ne puis alors m'endormir de toute la nuit,

Et les plaisirs cédèrent place à la tristesse et aux chagrins.

Il se leva donc au milieu de la nuit, s'enveloppa d'une couverture, et quitta son royaume. Car à cet instant, le feu de l'Amour Divin avait déjà pris naissance dans son cœur, et les activités pressantes de l'état nuisaient au souvenir du Bien-aimé. Jusqu'à ce qu'il ne puisse plus supporter cette situation. Il poussa alors un cri et tel un fou, s'en alla vers le désert.

Ce cri sincère de la part du véritable amoureux, le délivra des chaînes des affaires de la royauté. Les affaires de cette voie se réalisent dés le départ même, par cette passion sincère.

- Mawlana Roumi (r.a) dit :

"Faites naître le don de la folie (pour son Amour) dans votre coeur.

Car si l'intellect n'est pas éclairé par la lumière de la révélation,

Il est donc préférable de demeurer un ignorant".

Une qualité particulière de l'amour frénétique (ishq) est tel que: Lorsque l'amoureux choisit la solitude, pour vivre dans le souvenir de son Bien-aimé, il trouve en cela un immense plaisir délicieux. Et biensûr que le calme du désert est très prisé par Ses authentiques amoureux.

- L'Envoyé d'Allah (saw) disait souvent :

"Bien avant même de recevoir la prophétie, je fus gratifié du

plaisir de la solitude qui m'était chère".

Donc, il s'isolait de la société en se retirant dans la cave du mont Hirat où pendant plusieurs jours, il se livrait à la méditation et au rappel d'Allah.

En fin de compte, semblable, était aussi le cas du roi, l'amour du vrai agit tellement en lui, qu'il délaissa le trône et la couronne, et s'en alla au milieu de la nuit, en prenant le chemin du désert.

"Quand l'Amour Divin fait ressentir ses effets,

Repos et confort deviennent désagréables.

Quand il goûta aux délices de l'amour,

Il ôta de sa tête la couronne.

Il échangea son Trône Royal pour la pauvreté.

Félicitations, oh ! Véritable Amoureux, bravo !

Informez-vous de l'extase de l'amour,

Auprès de ceux dont le cœur a été blessé par l'amour".

[Akthar]

Que peuvent savoir ces matérialistes, ces gens qui sont attachés à ce monde, à propos de cette passion et de ce plaisir qui en découle ?

Quelles idées peuvent-ils avoir, du plaisir de la solitude et des délices des vents qui soufflent dans le désert? Demandez aux serviteurs d'Allah le Très haut, quels sont les plaisirs sublimes qu'ils savourent? Eux qui de leur vie durant n'avaient que faire des plaisirs de ce monde éphémère, car ils jouissent de la proximité d'Allah dans la solitude. Le plaisir de cette solitude est tel qu'ils arrivent à sacrifier des milliers de rencontres. C'est dans un tel contexte, que le véritable Être aimé, fait de ce lieu de solitude, un printemps fleuri et parfumé.

Mawlana Muhammad Ahmad dit :

"Avec moi si Tu n'y es pas,

Même dans un jardin de roses je me sentirais affligé.

Mais Si avec moi Tu y es,

Même dans le désert,je délecterai alors le parfum de la roseraie.

Et dans le silence du désert,

Ils reçoivent des lettres de leur Bien-aimé.

J'ai oublié toutes les histoires de la roseraie,

Le silence du désert m'a communiqué le message".

Le Roi se mit à sillonner montagnes et rivieres, déserts, dunes et plaines, jusqu'à ce qu'il eut franchi les frontières de son royaume et arriva à Tabouk où il se voila le visage pour que les gens ne puissent le reconnaître. A Tabouk, il subit les affres de la faim pendant plusieurs jours. Finalement, ayant été affaibli, il partit travailler avec des ouvriers, employés dans la fabrication de briques. Il travailla, le visage voilé, mais de temps à autre, le vent soulevait le voile, et quelques compagnons de travail pouvaient entrevoir les nobles traits de son visage. Peu à peu une rumeur se répandit parmi les ouvriers, qui racontaient que l'homme masqué était un ambassadeur d'un quelconque pays, ou pourrait même être le Roi d'un pays. La nouvelle se propagea jusqu'au roi de Tabouk.

Le roi de Tabouk se souciait à l'idée qu'un ambassadeur ou qu'un Roi d'un autre pays s'était joint aux ouvriers dans le but d'espionner son royaume et de préparer un plan d'attaque pour prendre son pays d'assaut une fois les secrets de l'état connus. Il pensa donc qu'il serait mieux d'enquêter personnellement sur cette affaire.

Le Roi de Tabouk pris aussitôt ses effets de voyage, et s'infiltra parmi les ouvriers où l'homme voilé était occupé à fabriquer des briques. Le roi ordonna aux autres travailleurs de se mettre à l'écart, et alla soulever lui-même, le voile du visage de ce noble et bel homme.

Et le roi s'adressa ainsi à cet homme :

"Oh! Bel homme, dites-moi la vérité? Qui êtes-vous ? Votre visage éclairé me révèle que vous êtes le Roi d'un pays quelconque, mais pourquoi cette indigence? Il me semble que vous avez sacrifié confort et royauté au prix de l'austérité". "Oh! Homme courageux, que mon confort, ainsi que le sultanat de Tabouk et tous les autres sultanats soient sacrifiés pour votre courage, pour votre humilité extrême dans cette pauvreté. Vite, dites-moi votre secret. Et si vous acceptez d'être mon invité, ce sera pour moi une immense faveur de partager votre compagnie, et ma misérable vie sera régénérée par de centaines de vies.

Voilà comment s'exprima le roi de Tabouk au roi voilé vêtu comme les pauvres gens. Le roi de Tabouk était entrain de le supplier, afin de connaître toute la vérité à son sujet. Mais vu le ton plaisant et sympathique de ces paroles, l'homme voilé, au lieu de divulguer le secret, se mit à lui dire à l'oreille, de telles paroles à propos de ce mal d'aimer à travers cette passion éperdue pour le divin, et du plaisir qui en découle de sorte que le coeur du Roi de Tabouk fut en quelques instants conquis par l'amour divin devenant lui aussi un amant ivre du Divin, et qu'il décida lui aussi d'abandonner son royaume et de vivre en compagnie du roi voilé.

Pendant la nuit, d'un commun accord ils prirent tous deux la route à destination d'un autre Royaume, loin des contingences mondaines, et de la royauté, afin de pouvoir se consacrer au souvenir d'Allah, dans la solitude. Ils marchèrent très longtemps jusqu'à ce qu'ils pénétrèrent dans un autre pays.

Mawlana Roumi (r.a) dit:

- Que ce n'est pas la première fois que cette passion fait commettre ce "péché'amour", mais il en est ainsi la plupart du temps. Ce qui fait, que celui qui expérimente cet état, se met à abandonner toute richesse, honneur, puissance, royaume etc...

- Voyez à quel point cet amant sincère, cet homme voilé, éprouvait du plaisir, à vivre dans l'abandon de son royaume, au point d'entraîner dans sa suite le roi de Tabouk, pour qui, le royaume et tout confort devinrent illicites. Ainsi tous les conforts face à ce plaisir vécu, se trouvèrent insignifiants. Et de Dieu, une rivière d'amour se mit à jaillir dans son cœur.

"Ô! Âme embrasée, qu'avez vous insufflé dans mon cœur?

C'est comme une rivière de lave qui me parcourt le coeur".

[Khoadja Saheb]

Khoadja Majzoob (r.a) avait écrit un couplet à propos de son Mentor Hakim-ul-ummat Mawlana Ashraf Ali Thanwi (r.a) dans

lequel il fait référence à ce feu d'amour brûlant de nostalgie:

C'est un cœur dont les soupirs avaient embrasé des milliers de cœurs.

Mais, quel est donc ce feu qui brûle dans ce cœur ! Oh! Allah!

Tout comme le feu dont les flammes qui se répandent de maison en maison, de même les flammes du feu de cette passion frénétique (ishq) se propage de coeur en cœur.

Les particularités du feu et celles du "ishq" sont les mêmes,

De poitrine en poitrine, de demeure en demeure.

Le gnostique Mawlana Roumi (r.a) dit:

- Qu'il existe des voies secrètes qui relient les cœurs!

- Comprenez donc par cet exemple, le phénomène "de cœur en cœur.

- Il dit :

- Considérez les voies secrètes et invisibles, comme des liens, qui relient un cœur à un autre, dans l'exemple suivant :

- Si nous prenons deux lampes que nous allumons, et que chaque lampe serait éloignée l'une de l'autre, leurs lumières seront unies dans le même espace. Et il sera alors impossible de définir les limites de la lumière de telle ou telle lampe. De même, les corps des croyants sont séparés et distincts, mais quand ils sont assis dans une assemblée, les lumières (anwaar) émanant de leurs coeurs seront unies dans le lieu et l'espace où ils se trouvent. C'est à dire les corps sont séparés mais la lumière non.

C'est une des raisons pour lesquelles le messager de la Shariat, le Saint Prophète Muhammad (saw) conseilla aux Musulmans de se concerter mutuellement à propos des questions cruciales.

Les éloges à propos des compagnons de l'envoyé (saw) sont présentes comme ce passage qui dit:

"Et ils se consultaient mutuellement à propos des choses importantes"

Parmi les autres signes de sagesse qui émane de la consultation mutuelle, nous constatons, que lorsqu'il y a dix Musulmans qui se réunissent, c'est comme s'il y avait dix lampes qui éclairent un même espace, et que la lumière de dix lampes est combien plus forte que la lumière d'une seule. Ainsi à la clarté d'une lumière plus grande, la réalité de la foi (Imaan) et de la certitude (Yaqreen), sera alors mieux perçue.

Mawlana Roumi (r.a) dit :

"Consultez l'assemblée des justes,

Puisque le Prophète (saw) eut ordonné de le faire.

Les esprits des hommes sont semblables à des lampes lumineuses,

Vingt lampes éclairent certainement plus qu'une seule.

Mawlana Roumi (r.a) poursuit : "C'est pourquoi l'envoyé d'Allah (saw) a interdit le fait de se couper de la société (rehbaniyyat), parce que, avec le fait de se couper de la société humaine, et de se retirer dans une grotte dans la montagne, la possibilité pour la réformation et pour les consultations mutuelles s'estompe.

"Ainsi à cet effet le Prophète (saw) a interdit cette méthode (rehbaniyyat) dont le mobile est de se couper de la société, et afin que personne ne soit privé des faveurs et des bénédictions qu'il y aurait àprofiter par les rencontres, les contacts mutuels, et à travers la compagnie des gens pieux (swaalihines).

Et il arrive qu'Allah accorde à certains de ses amis, le don alchimique dans le regard, et par la bénédiction de leur regard, un pêcheur se retrouve transformé en une personne pieuse, juste, et d’autres malfaiteurs deviennent bienfaisants.

Le juge Akbar Ilahabadee à ce propos dit :

" Ce n'est ni par les livres,

Ni par la prédication, ni par la fortune!

Mais la voie spirituelle (Deen),

Nous parvient, et prend naissance,

Par les regards des justes (swaalihines) ".

On pourrait ici faire une remarque, ayant trait à l'histoire du Roi qui abandonna son Royaume et le monde.

N'est-ce pas là aussi un cas de monachisme défendu?

- Voici la réponse!

Lorsqu'un Roi abandonne son royaume pour vivre dans l'austérité, et pour se joindre aux gens pauvres, cela ne relève pas du monachisme!

- Monachisme implique rupture de tout contact avec la société. Le Roi ne s'était pas coupé de la société, il avait changé de mode de vie. Du mode de vie royal à celui de la pauvreté.

Mawlana Roumi (r.a) poursuit l'histoire en soulignant que le roi voilé a dû confier au roi de Tabouk bien des choses concernant l'Amour Divin pour qu'il ait pu nouer un contact immédiat avec Allah.

- Le roi de Tabouk en reconnaissance dit :

"Qu'Allah vous récompense de plus belle, pour m'avoir ouvert les yeux, et pour m'avoir aussi lié au véritable Bien-aimé".

- Il demanda au Roi voilé :

"Permettez que je vous accompagne.

Pour que dans mon cœur

s'enflamme le feu de cette vraie passion d'aimer !”

Car pour avoir abandonné un royaume, de vivre parmi ces pauvres ouvriers, en vous mettant à fabriquer des briques, et de vous vêtir de ce froc, eh bien! Un tel constat démontre irréfutablement que vous avez certainement découvert au-dedans de vous-même, un tel Royaume, que les royaumes de ce monde à côté demeurent sans valeur aucune.

Mawlana Roumi (r.a) rappelle que ce phénomène de transformation de conscience n'est pas arrivé qu'à ces deux Rois, mais il y a eu beaucoup d'autres cas encore de rois où d'hommes d'état, qui abandonnèrent leur Royaume ou leur peuple, pour s'accrocher à l'amour Divin. Et atteints de cette passion, ils tombèrent en proies ravies par l'attraction divine.

Il est dit que:

D'être tué par l'Amour d'Allah une seule fois,

Est meilleur que de vivre des milliers de vies.

Et que la servitude qui survient suite à cet Amour,

Vaut des milliers de Royaumes en sacrifice.

Premièrement quand quelqu'un est sous l'emprise de cette passion, alors le corps se délabre, à cause des pratiques ascétiques et vigoureuses, qu'il endure, mais dans ce dépérissement physique lorsque le privilège considérable du lien (Nisbat) se révèle, alors l'amoureux par la langue de son état déclare :

"L'Amour a écourté ma vie de moitié

Mais je détiens aujourd'hui une approche sans pareille".

Leçon:

La leçon de cette histoire est la suivante:

"Oh! Conscience,

Regarde-toi avec perspicacité et véracité,

Tu découvriras qu'au lieu de gouverner,

Une vie de derviche est meilleure".

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